Notre commune a la chance d’être traversée par trois chemins d’intérêts, culturel et touristique ayant un tronçon commun :
- Le GR 76 (Chemin de grande randonnée) de 217 km, d’Arcenant (21) près de Nuits-St-Georges à Affoux (69) dans les Monts de Tarare.
- Le Chemin d’Assise. De Vezelay à Assise (Italie) 1500 km. Chemin crée en 2005 à vocation spirituelle. Il traverse la Bresse, le Bugey, la Savoie, traverse les Alpes, Turin, la Ligurie, la Toscane et l’Ombrie.
- Enfin le Chemin de Compostelle chemin de pèlerinage millénaire, officialisé en 1987 en tant qu’ itinéraire culturel européen.
Où se situe Saint-Jacques de Compostelle ?
Saint Jacques de Compostelle (Santiago de Compostella en castillan) se situe à la pointe occidentale de l’Europe en Espagne, précisément en Galice. C’est une province historique et communauté autonome d’Espagne située au nord du Portugal. Ses habitants parlent le galicien, langue d’origine du portugais. L’espagnol (castillan) est l’autre langue officielle de Galice. C’est une région très humide dont les côtes rappellent la Bretagne et pour la partie montagneuse, le relief basque mais plus élevé.
A partir de Cortevaix, Saint-Jacques est à 1450 km par la route mais à 1900 km par les chemins balisés. La différence de 450 km provient du fait que le chemin, en France en particulier, passe par des sites remarquables et historiques mais isolés, loin des axes modernes, comme Cluny-le-Puy-Conques par des chemins de moyenne montagne au profil pentu et tortueux. Ces chemins historiques datant du Moyen-âge ont été tracés pour rejoindre des lieux de pèlerinage qui servaient d’étapes aux jacquets (*) qui parcouraient jusqu’à 50 km par jour (!) : abbayes, monastères, hospitaleries.
(*) Jacquet : nom donné aux pélerins du Moyen-âge en route pour Saint-Jacques de Compostelle
Historique du chemin de Compostelle
La fulgurante expansion musulmane des Omeyyades absorba à partir de 711 toute la Péninsule Ibérique et le royaume Wisigothique. Mais très vite, au nord, la résistance, des escarmouches et des insurrections éclatèrent dans l’étroite bande de terre coincée entre Atlantique et Cordillère Cantabrique : Les Asturies. En 722, Pelayo el Conquistador vainquit les Omeyyades. C’est cette modeste bataille qui marqua le départ de la Reconquista et la naissance du Royaume des Asturies.
Le chemin primitif (camino Primitivo)
- Dans ce contexte politique et religieux de reconquête contre les Maures, l’apôtre St-Jacques devint le symbole du combat de la chrétienté contre l’islam. De sa capitale Oviedo, le roi des Asturies, Alfonse II traça en 829 le premier chemin vers Compostelle, le Camino Primitivo pour aller reconnaître officiellement les supposées reliques de Saint-Jacques le Majeur découvertes dans une bourgade de Galice qui deviendra Santiago-de-Compostella. Les restes de l’apôtre exécuté à Jérusalem en 44 auraient, selon la légende, accosté par translation sur les côte de Galice à Muxia, à l’ouest de St Jacques-de-Compostelle.
Classé depuis 2015 Patrimoine Culturel de l’Humanité, ce difficile et magnifique chemin montagneux d’environ 315 km traverses la chaîne cantabrique depuis Oviedo passant par Lugo, ancienne cité romaine entourée de remparts d’époque.
Le chemin du nord (camino del Norte)
- Par la suite, un chemin en provenance de France rejoignant celui-ci est tracé depuis Bayonne. Ce chemin qui longe la côte: el Camino del Norte, est appelé aussi Ruta de la Costa. Ce parcours est le seul parcours possible entre le 9e et le 10e siècle jusqu’à la reconquête des plateaux du nord de l’Espagne sur le Califat de Cordoue. Il traverse San Sebastian et Bilbao au Pays Basque, Santander en Cantabrie. Près de Gijón en Asturies, il se scinde en deux: par la côte et par la montagne où il rejoint le chemin primitif décrit plus haut.
Le chemin des Francs (camino Francés)
- Dès 950, l’évêque du Puy-en-Velay, Godescalc, crée le 1er chemin de Compostelle en France à partir de cette ville. Il va jusqu’à St-Jacques sans qu’on sache exactement par où il est passé en Espagne. Entre le XIe et le XIIe siècle, les rois d’Espagne et de Navarre font paver des chemins dédiés au camino, des ponts, des hôpitaux et des monastères.
Le Camino Francés, le chemin des Francs, voit passer jusqu’au 13e siècles des foules de pélerins, prêtres, évêques, chevaliers, nobles venus de toute l’Europe, se recueillir sur le tombeau de St-Jacques pour le salut de leur âme, tout en soutenant financièrement la Reconquista. L’Ordre de Cluny s’implante tout au long de ce chemin pour recueillir les pélerins, prieurés et monastères, participant à cette croisade contre les Maures tout en prélevant sa dîme.
(Voir lien sur le trésor de Cluny https://journals.openedition.org/cem/15268 )
Après cet âge d’or du pèlerinage, le déclin est survenu consécutivement aux épidémies de peste noire, de la guerre de 100 ans en France, de la réforme protestante discréditant le culte des reliques, des conflits franco-hispaniques, des complications administratives de Louis XIV interdisant tout pèlerinage hors de France, et des guerres napoléoniennes, enfin au XXe s et ses guerres mondiales, la guerre civile et la période franquiste.
Pour toutes ces raisons, l’Espagne étant isolée du reste de l’Europe, seuls les Ibères et les Portugais ont eu accès au tombeau de St Jacques. Les rares Européens qui s’y sont rendus néanmoins ont dû affronter de sérieuses embûches.
La redécouverte des reliques en 1879 relance le pèlerinage, mais c’est à partir de 1950 puis surtout sous l’influence du Pape Jean-Paul II en 1982 et du Conseil de l’Europe en 1987 que la renaissance de ce pèlerinage se réalise.
En 1993 le Camino Francés est classé Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Le Camino primitivo le sera en 2015.
Aujourd’hui, le pèlerinage vers St Jacques connaît un engouement croissant. Sa fréquentation devient exponentielle, facilitée par la multiplication de l’hébergement et des facilités de transport, tout en perdant son caractère authentique et exceptionnel.
Ce pèlerinage est devenu un chemin fédérateur où chacun le parcourt selon sa propre motivation.
Le chemin aujourd’hui, l’esprit et les motivations
D’après le bureau des pèlerins de St-Jacques, il y a presque autant d’hommes que de femmes.
Parmi les 300 000 pèlerins arrivant annuellement en Galice, il y a 42% d’Espagnols, 8% d’Italiens, 7.5% d’Allemands, 6% d’Américains, 5% de Portugais, 2.7% de Français et près de 30% d’autres nationalités du monde entier dont de nombreux Européens, Sud-Coréens, Brésiliens, Japonais etc…
On parle de nombreuses langues sur le chemin mais celles que les pèlerins empruntent pour se faire comprendre en Espagne, sont principalement le castillan (l’espagnol officiel) et l’anglais. Sur le parcours, les autochtones parlent 3 langues : le basque, le castillan et le galicien, mais le castillan est parlé partout.
Les moins de 30 ans sont près de 27 % les 30-60 ans : 54 % et les plus de 60 ans : 19 %
Les pèlerins du Moyen-âge partaient pour se recueillir sur le tombeau de Saint-Jacques, quant aux marcheurs d’aujourd’hui, ils se rendent en Galice pour des raisons multiples et transversales.
L’office du pèlerin nous apprend que la motivation est religieuse à 40.3%, religieuse et culturelle à 48.7%, et uniquement culturelle à 11%. C’est une question qui est systématiquement posée à chaque pèlerin lorsqu’il va récupérer sa compostella, et sa réponse est consignée sur ce certificat de pèlerinage écrit en latin.
Chaque pèlerin, part selon sa propre motivation qui sera complémentaire à celles décrites. Certains le font suite à un accident de la vie ou l’inverse, à la fin d’une vie de travail, pendant les grandes vacances pour les étudiants, ou pour faire un break et se régénérer dans la marche. C’est rarement par hasard qu’on se retrouve sur ce chemin.
Ceci dit, d’après l’expérience de trois chemins différents, 82 étapes et près de 12 semaines de marche, sans compter quelques haltes d’un jour pour les visites, il s’avère que ces trois types de pèlerins ne font qu’un, forgés dans le moule.
Pour couper court aux remarques concernant l’aspect commercial de ce pèlerinage, il est à noter que les « marchands du Temple » ont toujours fait fortune près des sanctuaires majeurs de toutes les religions : à Jérusalem, Rome, Assise, Lourdes, sans oublier…La Mecque. Et pourtant, sur le chemin, on ne voit pratiquement pas ces marchands de bimbeloterie religieuse. Qui plus est, les villes sont rares. Ceux qui vivent du chemin sont les épiceries (tiendas), bars, et les refuges, gîtes, donativos, albergues (auberges de jeunesse réservées aux pélerins), hôtels et quelques rares monastères.
Le pèlerin est par définition économe voire radin car, son périple est très long, et il doit se trouver un gîte chaque soir. Cela a un coût certain sur la durée et par conséquent il ne peux pas gaspiller ses ressources dans des achats inutiles, et qu’il ne pourrait pas porter dans son lourd sac-à-dos, réservé aux effets et ustensiles essentiels.
Certes ce chemin est un atout économique mais il a permis de faire revivre des régions isolées, abandonnées, loin des sentiers battus et a permis la rénovation de villages ruinés par endroits. Saint-Jacques-de-C. est une très belle et très ancienne cité historique où le logement et la restauration des pélerins participent à l’économie de cette ville, mais ce n’est pas un supermarché d’objets religieux comme à Lourdes.
Tout le monde y trouve son compte et ça n’entache en rien l’esprit du chemin.
Faire le chemin est une démarche personnelle, qu’on peut pratiquer seul(e), en couple ou en groupe. Qu’on parte de chez soi ou d’une ville-départ historique comme Vezelay, Le Puy-en-Velay, Conques, Saint-Jean-Pied de Port ou sa voisine espagnole Roncevaux, chaque pèlerin ne peut compter que sur sa propre forme et sa motivation.
Equipé de chaussures, vêtements de marche et de sacs-à-dos modernes, le pèlerin du XXIe siècle n’a plus rien à voir avec le jacquet du Moyen-âge. Il consulte son téléphone mobile pour réserver son gîte, fait des photos, paye (difficilement en Espagne) avec sa carte bancaire et prend une douche quand il arrive au gîte. Certes cette caravane « Quechua » est bien différente des hordes de pélerins moyenâgeux, crasseux et pouilleux qui dormaient sur des paillasses. A chaque époque, ses usages et cela n’obère en rien non plus l’esprit du chemin.
Une journée type (en Espagne)
Le pèlerin se lève tôt en général, vers 5 heures et part vers 6 heures. Il évite de faire du bruit pour respecter ces condisciples qui partent plus tard. Il avale quand il peut un frugal en-cas, en fonction de son gîte et se débrouille pour en prévoir un sur le chemin dans la matinée. La marche ouvre l’appétit et les commerces de bouche sont peu nombreux et ouvrent tard. L’heure de départ dépend aussi de la saison en fonction de la lumière. En tout cas il ne doit pas oublier sa réserve d’eau et boire même s’il n’a pas soif. C’est la condition pour ne pas souffrir des pieds, des muscles et des tendons.
Outre les vêtements et les chaussures adaptés, le sac-à-dos et son contenu sont un sujet crucial pour faire le chemin dans de bonnes conditions. Il doit être le moins lourd possible ce qui est un vrai casse-tête pour limiter au maximum des effets et articles de toilette et soins sachant qu’on va les utiliser pendant de nombreuses semaines dont 7 en France et 5 en Espagne.
La longueur des étapes dépend des marcheurs. Chacun décide de ce qu’il va parcourir en fonction du profil du chemin, des gîtes disponibles ou éventuellement de l’intérêt des étapes. En effet, il y a très peu de villes sur le parcours espagnol et lorsqu’on traverse les grandes cités historiques comme Pampelune, Logroño, Burgos, et León, on prend du temps pour les visiter. Du moins les monuments remarquables : leur cathédrale et lieux de vie comme à Burgos, et León.
En fonction de cela, les étapes font en moyenne 23-25 km. Mais cela varie de 34 km à 18 pour les plus courtes.
A l’aube, sur les hauts plateaux ibériques, au printemps ou à l’automne le froid pince le nez et les doigts qui tiennent les bâtons. Les pas s’enchaînent, inlassablement et en silence. Le marcheur est dans ses pensées qui se perdent dans l’immensité de la Meseta sur des horizons lointains bordés de cordillères aux sommets enneigés. Magique ! Ce sont des moments qui n’appartiennent qu’à ce chemin. De temps en temps on double ou on se fait doubler par un pèlerin qui salue par un « buen camino », politesse qui sera dite et entendue à maintes reprises.
Cette marche qui dure entre 6 et 8 heures avec les arrêts techniques et brèves visites est propice à la prière pour les uns, à la méditation ou à l’introspection ou encore la jouissance de l’instant présent pour les autres. C’est le point fort du chemin. Dans la vie de tous les jours, on a la montre, ici sur le chemin on a le temps. Progressivement le marcheur laisse sa vie d’avant, se concentre sur sa journée, dans un relatif dénuement matériel, trimbalant le strict minimum sur son dos. …..C’est le temps de faire le point.
De temps en temps, un groupe de bavards au verbe fort dérange. Il faut soit les doubler soit les laisser partir devant.
Après quelques heures de marche, un petit village où une épicerie-bar étale quelques chaises et tables sur le trottoir. C’est l’affluence ! une vingtaine de sacs s’empilent contre le mur, des places sont déjà prises pour un petit déjeuner. souvent composé de sandwich au jambon, d’omelette-patates ou de pain huilé- tomate. Il y a aussi d’énormes croissants collants de sucre, le tout accompagné d’une grande tasse de café au lait. D’autres prendront l’inévitable jus d’oranges fraîchement pressées (*)
(*) Vocabulaire indispensable du pèlerin : Epicerie-bar =tienda – p’tit dèj = desayuno – sandwich au jambon = bocadillo de jamón – omelette- pommes-de-terre = tortilla – pain huilé- tomate = pan con tomate – café au lait = cafe con leche – jus d’orange = zumo de naranja. Sans oublier les formules de politesse Hola ! por favor, gracias et adiós.
Les pèlerins arrivent au gîte entre 13 et 15 heures. Le plus tôt est le mieux car la journée n’est pas terminée. Il faut faire la lessive du jour, prendre sa douche puis se reposer, surtout la première semaine. Le cas échéant soigner ses ampoules ou un début de tendinite, maux provenant du manque d’hydratation ou de problèmes de chaussures. Il ne faut pas oublier de faire ses emplettes alimentaires. Souvent les auberges de pèlerins ont des espaces extérieurs où l’on peut se reposer. Chacun vaque à ses occupations : lecture, prise de notes, de boisson et préparation du chemin du lendemain, retenir un lit ou une chambre. Les plus en forme partent visiter les abords.
Lorsqu’il arrive au gîte le pèlerin doit faire tamponner sa credential, qui est son passeport obligatoire pour loger dans les gîtes réservés aux pèlerins en Espagne. Elle est également utilisée en France.
Le repas du soir lorsqu’il est en groupe est un moment incontournable. Des amitiés se nouent. C’est très convivial et le vin rouge servi, le rioja, facilite les échanges. Les nombreux convives palabrent en plusieurs langues de l’expérience de la journée, de ce qu’ils ont vu, d’où ils viennent, du chemin, du parcours du lendemain etc. Jamais ils ne parlent de leur vie privée ni de l’actualité. C’est un voyage atemporel.
Les principaux itinéraires en France
En France il y a 4 axes principaux reconnus comme tels, dont celui qui part du Puy-en-Velay, qui est le prolongement du chemin qui traverse notre commune, c’est la via Podiensis. C’est le plus beau des chemins français et le plus recherché, tant pour son histoire, son patrimoine que pour ses paysages à couper le souffle.
Les trois autres itinéraires historiques classés sont :
- la via Turonensis (Tours) : Partant de Paris – Orléans – Blois – Tours – Poitiers – Saintes – Bordeaux – Saint Jean Pied de Port.
- la via Lemovicensis (Limoges) : Partant de Vezelay – La Charité sur Loire – Bourges – Limoges – Périgueux – Mr de Marsan- Saint Jean Pied de Port.
- et la via Tolosana (Toulouse) : Partant d’Arles – St Guilhem le Désert- Montpellier – Toulouse – Auch – Oloron Ste Marie – Col du Somport.
A ces chemins historiques classés, s’ajoutent tous les autres axes historiques provenant des provinces françaises et des pays limitrophes Belgique Luxembourg, Allemagne, Suisse et Italie. Se greffe sur ces derniers le reste de l’Europe comme celui qui passe par Cortevaix sur le chemin des Allemands en direction du Puy en Velay.
Le chemin qui passe par Cortevaix
Le chemin qui passe à Cortevaix est la voie des Allemands, ou plutôt les voies. Une voie qui démarre de Spire (Speyer) en Rhénanie, traverse l’Alsace, la Franche-Comté et se lie près de Beaune à une autre voie allemande en provenance de Cologne (Köln), qui passe au Luxembourg, Metz, Langres, Dijon et Beaune. Ces chemins réunis traversent le vignoble jusqu’à Cortevaix par Saint-Gengoux-le National.
Traversée de Cortevaix:
Passant par St-Gengoux, le chemin arrive dans la commune par la D127 en provenance de Saint-Hyppolyte, monte la rue de l’Eglise, emprunte la rue de la Courtille, puis la départementale jusqu’aux Buis de la Croix, chemin des Garnes (Garennes), chemin des Teppes et le site des pelouses calcaires, traverse et quitte Mont par la route de Flagy. Il part en direction de Cluny.
La Voie Podiensis, ou Voie du Puy-en-Velay.
Le « vrai » chemin est celui qui part de chez soi mais pour les aspirants pèlerins de Cortevaix, ils ont la chance de partir du bon pied car la commune se situe précisément sur un parcours fléché de près de 1900 km, dont 1100 en France et 800 en Espagne à partir d’ici. La voie du Puy passe par Cluny, Cenves, Tramayes , le Mont-St-Rigaud (1012m), le Haut Beaujolais, Charlieu, le Forez, le Velay, le Gévaudan, l’Aubrac, le Rouergue, les Causses du Quercy, le Gers, les Landes, le Béarn et le Pays Basque. C’est un parcours splendide qui demande de l’endurance mais la motivation fait le reste. La ville de Saint-Jean-Pied-de-Port est la dernière étape française avant la traversée des Pyrénées. (Pied-de-Port = au pied du col)
Lors de ce parcours, Le pèlerin aura traversé Charlieu, Montbrison, Le Puy en Velay qui est une étape majeure du chemin, puis dans la vallée du Lot Espalion, Estaing, Conques, très belle cité médiévale dont sa remarquable abbaye qui accueille les pèlerins. Puis viennent, pour les lieux connus Decazeville, Figeac, Cajarc, Cahors, Moissac, Condom, Aire sur Adour, Navarrenx et Saint-Jean-Pied-de-Port. De nombreuses étapes non citées ont chacune leur caractère et leur intérêt : cités moyenâgeuses, sites remarquables, monastères isolés, tronçons classés, patrimoine civil et religieux, et des paysages magnifiques comme l’Aubrac, le Quercy, ou les Pyrénées et pas seulement !
Après 47 étapes, on arrive à Saint-Jean-Pied-de-Port, superbe petite ville basque aux murs blancs et boiseries « rouge cœur de bœuf » autrefois enduites du sang de l’animal. Cette étape reçoit les pèlerins de 3 des 4 grands chemins français. Il y a affluence.
Qui plus est, tous les pèlerins espagnols partent de cette dernière ville française. Par beau temps c’est une randonnée inoubliable , une « immortelle randonnée » . Le chemin part de 170 m d’alt. et passe le col à 1429 m. La montée est raide, surtout avec le sac-à-dos. La dense file de marcheurs sur le début du chemin asphalté, s’étire sur le chemin de muletier très pentu au fur et à mesure du temps qui passe. Arrivés sur les alpages, les marcheurs côtoient les troupeaux de manechs et pottoks, moutons et chevaux endémiques du Pays Basque.
Après une descente raide dans une magnifique hêtraie, on arrive à Roncevaux en Navarre(Orreaga/Roncesvalles), première étape espagnole après l’inoubliable montée aux cols pédestres de Bentarte (1338m) et Lepoeder (1429m). Le col routier de Roncevaux en contrebas se nomme Port d’Ibañeta en espagnol.
En Espagne, il y a deux voies principales pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle. La plus empruntée est le Camino Francès, ou Chemin des Français. Il traverse la Navarre, la Rioja, la Castille- León et la Galice.
La seconde est le Camino del Norte, Chemin du Nord qui longe les côtes du Pays Basque, de Cantabrie, d’Asturies et de Galice.
Une variante montagnarde : le Camino Primitivo traverse la Sierra Cantabrique entre les Asturies et la Gallice.
Conclusion
Si l’envie vous prend de saisir votre bâton de pèlerin, n’hésitez pas, ne serait-ce que pour quelques semaines. Tout le monde n’a pas la chance ou l’opportunité de consacrer autant de temps d’absence mais sachez que c’est possible à partir du Puy en Velay comme en Espagne car il existe des moyens de transport, des services de navettes pour les pèlerins comme pour les bagages.
Deux semaines sont un minimum pour être dans l’esprit du chemin. Pour le retour de Saint-Jacques il y le train par la RENFE et la SNCF ou les bus longues distance pour Chalon sur Saône. L’avion est plus cher et beaucoup plus compliqué.
Vous pouvez déjà vous tester en faisant l’aller-retour de Cortevaix-Cluny-Cortevaix sur le chemin balisé par Mont-Flagy-Collonges-Lournand-Cluny : 13.8 km x 2 ou le raccourcir. N’oubliez pas l’eau surtout !
La motivation abat les montagnes. Compostelle est plus qu’une marche, c’est une démarche.
Souvent le marcheur qui entreprend cette aventure humaine, quelque soit sa motivation personnelle, commence son parcours comme une longue suite d’étapes qui se terminera un jour par l’arrivée à Saint Jacques, le graal.
Seulement, l’expérience lui apprendra, que chaque jour est un chemin en soi, où il apprendra à se détacher du superflu, en n’attachant de l’importance qu’à l’essentiel, à s’ouvrir aux autres en devenant plus réceptif.
C’est une belle expérience de vie, un cheminement en soi.
*Ultréïa !
Un jacquet.
*Ultréïa : en latin vulgaire : Interjection de joie utilisée par les pèlerins de Moyen-âge pour se donner du courage.